« La hausse du prix du carburant en Guinée, témoin d’une certaine fragilité de l’économie guinéenne »

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La Guinée a enregistré une croissance moyenne qui tourne autour de 5 % ces dernières années, ce qui est relativement intéressant pour le pays.
Mais il faut dire que l’essentiel du contenu de cette croissance est rentière, c’est à dire que l’extraction minière et l’agriculture contribuent pour une grande part à cette croissance.
La Guinée n’arrive que très peu à diversifier ces activités génératrices de revenus, les acteurs économiques sont très concentrés dans le commerce informel et très peu d’entreprises formelles se distinguent par leurs capacités d’innovation afin de gênerer de la valeur ajoutée source de croissance et de compétitivité.
Par ailleurs, on a une forte inadéquation entre les offres d’emplois disponibles et la qualification des salariés ce qui conduit a de fortes tensions dans le marché du travail Guinéen.
Le déficit public se creuse par ailleurs avec un déficit en 2020 qui était de l’ordre de 3 % alors qu’on était à 2,5% en 2019.. La detre publique du pays tourne autour des 35% du pib avec une dette extérieure qui représente 60% de la dette totale.
À ce rythme on peut se poser bien évidement des questions sur le financement et le remboursement de la dette du pays en sachant que les taux d’emprunts augmentent en general quand on a une dette élevée.
Alors au vu de ces indicateurs macro-économiques notamment le niveau du déficit public, de la dette publique, des dépenses publiques du personnel qui augmentent et des dépenses d’investissement publics qui doivent se faire au regard de l’insuffisance de nos infrastructures publiques on peut évidemment y voir l’intérêt de L’état d’augmenter les taxes du carburant afin de combler certaines dépenses d’urgence.
Mais là encore, il faudrait peut être s’inquiéter de la gestion des finances publiques de l’Etat, dans un petit pays de 15 millions d’habitants nous avons plus de trente ministères sans compter, les ministres qui œuvrent à la présidence, les multiples directions dont les compétences empietent sur ceux des ministères. Il est nécessaire de dégraisser un peu les dépenses afin de se concentrer sur les dépenses essentielles. Plutôt que de faire peser sur le consommateur la lourdeur d’un État un peu trop dépensier.

Par ailleurs, il faudrait que L’état essaye de mener des politiques d’investissement fort dans le capital humain à travers une éducation nationale renouvelée qui forment des acteurs économiques qui vont générer un surplus de valeur ajoutée nécessaire afin que l’Etat puisse prélever les impôts sur un potentiel fiscal ou une assiette fiscale élargie.
Cette hausse du prix du carburant traduit aussi une insuffisance des politiques publiques et une gestion de l’Etat qui montre des limites…

Alseny Thiam, écrivain, chercheur Associé à l’institut de Prospective et de Sécurité en Europe.

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